Internet TPE et PME : pourquoi la France est-elle en retard !
C’est à peine croyable. En France, 42% des entreprises de moins de 50 salariés ne disposent toujours d’aucun site internet (Baromètre Opinionway-Priceminister-LaPoste, octobre 2014). Un chiffre qui grimpe même à 75% chez les TPE, ces entreprises de moins de 10 salariés. Et une spécificité bien française, puisque la grande majorité des pays européens affiche un taux d’entreprises « connectées » bien plus important (73% en moyenne). Sur les 28 pays européens, la France n’arrive qu’à la 24ème place, bien loin de la Finlande et de ses entreprises à 94% équipées d’un site internet (Eurostat, décembre 2013).
Un problème culturel ? C’est ce que croit savoir Christophe Agnus, directeur de Nautilus Medias et président de l’Electronic Territories Group SAS. « Globalement, le retard pris sur le virage technologique est un problème culturel. Il doit y avoir derrière nous l’Italie et d’autres pays latins », analyse-t-il. « Dans ces pays, on croit un peu moins à la technologie. On est croyant mais pas pratiquant ».
La métaphore religieuse est filée par Georges de la Taille, dirigeant d’Actusite, une entreprise qui créé des sites internet pour les PME et les TPE. « On doit sans cesse faire un travail d’évangélisation. Convaincre les gens de l’intérêt du web et d’une présence sur les réseaux sociaux. Sur notre marché, on a affaire à beaucoup de personnes qui ont toujours fonctionné sans internet. Ils ont du mal à en saisir l’intérêt ».
« Ca m’a coûté 3 000 euros pour rien »
Il faut dire que l’effet d’un site internet n’est jamais immédiat. Et difficilement quantifiable. « On ne reçoit pas des appels de clients trois jours plus tard », résume Christophe Agnus. Mais cela paye. Hugues de Saint-Périer, conseiller général Axa, explique ainsi à Challenges avoir « remboursé dix fois » ce que lui coûte son site internet, géré par Actusite (environ 180 euros par mois). Seulement, il est difficile de savoir qui vient d’internet et qui s’est renseigné autrement. « Quand ils m’appellent, mes clients ne me disent jamais que c’est grâce à la newsletter, indique Hugues de Saint-Périer. Sauf si je leur demande ».
Un problème bien identifié par Christophe Agnus : « les gens disent : ça m’a coûté 3 000 euros pour rien. Mais ils ne savent pas que leurs quatre derniers clients viennent d’internet. » Il faut dire que « beaucoup fonctionnent encore avec des carnets remplis à la main des noms de leurs clients », poursuit-il.
Au delà de l’absence de conviction, c’est aussi le manque de motivation des entrepreneurs qui freine le développement de sites internet dans les TPE et les PME. « Je ne me l’explique pas vraiment, regrette Christophe Agnus. Peut-être qu’en France on passe tellement de temps à solder les problèmes administratifs que l’on n’a pas envie de s’atteler à des tâches informatiques. S’occuper d’un site internet prend du temps : il faut l’entretenir, développer une newsletter… Beaucoup de gens ne sont pas prêts à faire autant d’efforts ».
Et puis les petites entreprises ne savent pas comment s’y prendre. Faut-il trouver soi-même un développeur, un graphiste, combien cela va-t-il coûter au bout du compte… ? La proportion d’entreprises connectées n’a progressé que de 8%
Peu à peu la situation évolue. Mais trop lentement. Si 14% des entreprises françaises souhaitent augmenter leur budget web et 15% recruter pour développer d’avantage leurs ventes sur internet, depuis janvier 2012 la proportion d’entreprises françaises « connectées » n’a progressée que de… 8%. Une situation qui pourrait prêter à sourire si elle n’était pas quelque peu dramatique pour les entreprises sans visibilité en ligne, qui accusent un retard important sur leurs concurrents disposant d’un site web.
« Je comprends que certains soient tout à fait hermétiques à l’intérêt d’une présence sur internet », conclut Hugues de Saint Périer. « Moi je suis un geek. J’ai un site internet depuis 1995, à peu près toutes les versions d’Ipad sur le marché et le wifi depuis plusieurs années dans mon cabinet. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, il y en a qui ne sentent pas forcément le besoin d’avoir un site internet. » Et peut-être plus en France qu’ailleurs.
Comment se lancer dans l’aventure digitale, quand on dirige une petite entreprise ? Tout d’abord, il faut sérieusement analyser ses besoins. Puis choisir la solution la plus adaptée (inutile d’opter pour une formule de luxe si vous avez seulement besoin d’un peu de visibilité). Et savoir ne pas se faire embarquer dans une dépense sans limites…
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